ARAIGNÉE DE L'ASTROLABE D' ABÛ BAKR IBN YÛSUF, ASTRONOME MAROCAIN Photo Musée Paul-Dupuy |
UNE TRÈS BONNE NOUVELLE !
Le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" de Toulouse organise "LES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE" , les 21 et 22 septembre 2024. Cet évènement se déroulera autour d’Abû Bakr Ibn Yûsuf, astronome marocain du 13ème siècle. C'est une excellente nouvelle!
Ce savant avait construit de nombreux astrolabes à Marrakech, souvent conservés en Europe, et dont l’un est conservé dans ce musée de Toulouse.
Cet astrolabe a fait partie de la
collection de Pierre-Paul Riquet, constructeur du Canal du
Midi. On se demande, alors, si cet instrument n’avait pas été utilisé pour les
relevés topographiques dans ce projet pharaonique, au 17ème siècle.
Il est conservé au musée de Toulouse depuis 1893.
Il est daté 615 H, soit 1218, donc sous l’ère almohade, d’une grande élégance et est considéré comme un modèle de rigueur scientifique. Il a été disséqué et étudié dans les livres les plus prestigieux et les plus aboutis sur la théorie, la pratique et l’histoire de l’astrolabe. La photo, ci-dessus, montre une pièce essentielle de cet astrolabe. Cette pièce s’appelle Al 3ankaboute العنكبوت en arabe, l’araignée en français et rete en anglais C’est un concentré des sciences astronomiques, physiques, trigonométriques et géographiques, d'il y a 800 ans. Elle préfigure ce que nous appelons le réseau ou le web aujourd’hui. Elle représente une partie du ciel autour de la Terre et les crochets représentent 25 étoiles les plus brillantes du ciel aux latitudes méditerranéennes, et donc au Maroc. Sous chaque crochet, Abû Bakr avait gravé, avec une calligraphie divine, le nom de l’étoile correspondante. Le Soleil est matérialisé par son orbite projetée sur un plan, sous forme d'une couronne circulaire.
ASTROLABE D'ABÛ BAKR IBN YÛSUF DÉMONTÉ Photo Musée Paul-Dupuy |
J’avais découvert cet astrolabe dans ce même musée à Toulouse, en 1965 ! Le temps passe….
Depuis, j’ai dévoré tout ce que j’ai
eu entre les mains sur cet astrolabe et sur les savants astronomes marocains.
Visité des bibliothèques et des musées à travers le monde, sur ce sujet. Partagé ce savoir dans
des exposés et conférences dans des lycées, des facultés de sciences, des Ecoles d’Ingénieurs
au Maroc et en France. Publié des dizaines d’articles sur les savants marocains
dans l’Histoire et sur l’astronomie musulmane. Fait construire un astrolabe par une astronome en France, pour les latitudes de Marrakech, Casablanca et Fès.
Je tiens à remercier et à féliciter
le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" de Toulouse, pour cette initiative qui
rend hommage à l’astronome marocain Abû Bakr Ibn Yûsuf et qui honore le Maroc.
UNE TRÈS MAUVAISE NOUVELLE !
L’astronome marocain Abû Bakr Ibn
Yûsuf n’a, tout simplement, aucune existence au Maroc !! Lui et une
vingtaine de savants marocains sont exclus des programmes d’enseignement du
primaire au supérieur et des Musées du Maroc. Il y a quelques années, ce même
astrolabe avait été exposé pendant 6 mois, lors de l'exposition "Le Maroc Médiéval", dans un Musée à Rabat, bien volontairement, sans le
nom d’Abû Bakr Ibn Yûsuf (pourtant gravé au dos) lequel a été effacé des cartels. Une honte absolue et une indignité sans
nom d’un soit-disant responsable de musées.
Les
responsables des Départements de l’Enseignement, de la Culture et de la
Fondation des Musées au Maroc, ont
décidé que le public marocain ne doit jamais savoir qu’il y a eu des savants
marocains dans l’Histoire du Maroc. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Ces
savants ne sont pas dans des livres, pas dans les cours à l’Ecole, au Lycée et
dans les Facs, jamais dans des documentaires scientifiques à la Télé, pas dans
des films, pas sur des timbres-poste. Leur tombe, quand elle existe, est dans un
état déplorable (Ibn Battouta à Tanger) ou carrément rasée (Abdallah Bensassi à
Safi). Les répliques de leurs cadrans solaires, leurs astrolabes, leurs quadrants, leurs globes
célestes et leurs cartes géographiques d’il y a 800 ans ne sont jamais utilisées
pour décorer des jardins publics, des entrées de facultés, des amphithéâtres, des préaux de lycées
ou, bien évidemment, des bureaux de ministre au Maroc. Leur nom n'est jamais (ou très rarement) donné à des rues, des boulevards ou des places publiques.
Pendant ce temps, des bibliothèques
et des musées à l'étranger conservent précieusement, respectueusement et dignement, des livres et des
astrolabes de ces savants marocains, en Espagne, au Portugal, en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Egypte, en Turquie et aux Etats-Unis d’Amérique...
Je publierai, bientôt, la liste des savants marocains dans l’Histoire, avec l’inventaire de leurs œuvres ainsi que les musées dans lesquels celles-ci sont conservées. Vous serez surpris, comme je l'ai été moi-même, par le nombre et le grand prestige des bibliothèques et des musées à travers le monde, où elles sont conservées.
Depuis des siècles, ces savants représentent dans ces pays la civilisation marocaine, chose que les responsables actuels ne veulent absolument pas entendre. C'est une malédiction terrible qui poursuit notre pays: Des savants marocains qui font honneur au Maroc et à son Histoire , sont glorifiés à l'étranger, mais restent barrés chez eux au Maroc par de hauts responsables, vraiment pas à la hauteur du patrimoine scientifique marocain, et qui n'accordent aucun intérêt aux Grands Hommes du Maroc et aux trésors qu'ils ont légués.
En attendant, Abû Bakr Ibn Yûsuf, astronome marocain du 13ème siècle, avec son astrolabe défendra, seul, l’honneur des savants marocains et du Maroc, dans le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" à Toulouse, lors des "JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE", les 21 et 22 septembre 2024.
Abdelmalek Terkemani
- Pour en savoir plus sur l'histoire et le fonctionnement de cet astrolabe, suivre le lien:
https://marocitineraires.blogspot.com/2015/07/abu-bakr-ibn-yusuf-astronome-marocain.html
- Site du musée Paul-Dupuy:
https://museepauldupuy.toulouse.fr/journees-europeennes-du-patrimoine-2024/
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