vendredi 20 septembre 2019

SUR LES TRACES DE NOS SOLDATS MAROCAINS TOMBÉS DANS LA SECONDE GUERRE MONDIALE


Listes complètes des soldats marocains, morts en 1944, dans la Bataille du Bois des Trembles.

On se souvient de ce  reportage de France 3, dans lequel il était question de soldats marocains tombés dans la Seconde Guerre mondiale et enterrés sans indication de leur identité, depuis 75 ans.

                                       Il retrouve l'dentité de Tirailleurs marocains tombés dans la guerre en 1944

Depuis, j’ai pris contact avec les deux intervenants dans ce reportage, M. Jean Bilquez, Président du Souvenir français, qui avait mené des recherches pendant 10 ans pour retrouver ces identités et M. Jean-Pierre Brandelet, maire de Villars-lès-Blamont. Les documents qu’ils m’ont communiqués m’ont permis d’en savoir plus sur ces événements et de publier la liste détaillée des 12 soldats marocains du 6ème Régiment de Tirailleurs Marocains (R.T.M.). On peut trouver cette liste dans l’article "UNE PAGE D'HISTOIRE DU MAROC, UN MOMENT DE FRATERNITÉ  À PARTAGER..." et dans sa version arabe
Avec l’émotion et l’intérêt suscités par cette histoire, ainsi que les centaines de commentaires souvent extrêmement touchants des lecteurs que j’ai reçus, je n’ai pas pu résister à l’envie d’aller me recueillir sur les tombes de nos compatriotes tombés dans la Seconde Guerre mondiale et enterrés à Villars-lès-Blamont (Doubs), aux confins de la Suisse. Tout au long de ce voyage, depuis Casablanca, j’ai eu le réel sentiment que je rendais cet  hommage au nom de tous ceux qui ont exprimé des prières pour le repos de l’âme de ces soldats et de tous les soldats tombés dans la lutte contre le nazisme.

SUR PLACE À VILLARS-LÈS-BLAMONT.

Momument du Bois des Trembles. De gauche à droite, J.P Brandelet, moi-même et J. Bilquez

Sur place, J. Bilquez et J.P Brandelet, désormais mes amis, m’ont réservé un accueil que je dirais familial. Ils ont pris de leur temps pour me consacrer une pleine journée de réunion et de visites des lieux dignes d'intérêt. Nous nous sommes mis, immédiatement, au travail comme si nous nous connaissions depuis des dizaines d’années. Après une réunion à la mairie, nous nous sommes transportés au cimetière de Villars-lès-Blamont, au Bois des Trembles de sinistre mémoire, et au « Monument aux Résistants du Pays de Montbéliard ».  
A la mairie, J.P Brandelet nous apporte l’ancienne plaque du carré militaire qui porte une partie des noms des soldats marocains tombés dans la Bataille du Bois des Trembles. Avec un long soupir, J. Bilquez me montre cette plaque, maintenant démontée et remplacée par une autre qui donne l’identité, cachée pendant 75 ans, de nos compatriotes tombés dans la Bataille du Bois des Trembles. C’est lui qui a sorti du néant les noms des 12 soldats marocains du 6ème R.T.M. qui sont gravés maintenant sur la nouvelle plaque, dévoilée le 22 juin dernier.   « Vous voyez, me dit-il, je viens dans ce cimetière depuis des dizaines d’années pour des commémorations et à chaque fois, j’ai un grand  malaise en voyant qu’il manquait les noms des soldats marocains qui ont pourtant contribué à la libération de Villars-lès-Blamont. Je m’étais promis de trouver ces noms… ».
 Ancienne plaque du cimetière de Villars-lès-Blamont,, avec des tirailleurs marocains sans identité. 

Sous la conduite de J.P. Brandelet, nous avons effectué la visite du Bois des Trembles (tremble est le nom d’un arbre, une espèce de peuplier) lieu où 40 soldats du 6ème R.T.M. étaient tombés, sous les tirs  de la 19ème Armée allemande, et parmi eux 29 de nos compatriotes. Cette visite est bien éprouvante quand on pense à toutes les atrocités qui ont eu lieu dans ce bois, maintenant si calme, si serein.
Durant les 15, 16 et 17 novembre 1944, par un temps glacial et sous la neige, les soldats marocains du 6ème R.T.M. devaient affronter les éléments allemands dans le Bois des Trembles qui était miné (il y a encore des traces de fossés et de nids de mitrailleuse). 29 Marocains sont morts par balles ou éclats de mines. 17 corps ont été récupérés immédiatement, mais 12 ne le seront que plusieurs semaines plus tard, après le déminage du champ de bataille (250 mines). Ce sont précisément ces derniers 12 soldats marocains qui ont été inhumés sans identité.
Moment de recueillement devant les tombes des soldats marocains et algériens. A partir de la gauche, J.P Brandelet, moi-même et J. Bilquez. 

C’est une tâche triste et ingrate de décrire ces atrocités et de faire le décompte des morts, mais c’est aussi un devoir d’en parler et de donner des informations utiles aux familles et parents de ces soldats. C’est aussi une nécessité pour que notre travail de mémoire puisse servir à leur rendre un hommage très amplement mérité.
Pour plus de clarté, nous allons répartir nos 29 compatriotes en  deux groupes de soldats A et B. Ces deux groupes ont eu, après le décès de ces soldats, deux itinéraires différents et deux tristes destinées différentes.

GROUPE DE SOLDATS A

Il s’agit ici des 12 soldats marocains enterrés au cimetière de Villars-lès-Blamont, dont les noms sont restés inconnus pendant 75 ans. Ces noms ont été révélés par J. Bilquez après 10 ans de recherche. Leur identité détaillée est donnée comme indiquée plus haut.
Voici les noms de ces soldats :

ALI  BEN  END  BEN RAHO   
HAMED  BEN  ABDALLAH
KADDOUR  BEN  EL MATI
LAHOUSSINE OU EMBARK
AHMED  BEN ASSOU
ALLAL BEN MOHAMMED BEN CHERFIA
EZ ZITOUNI BEN MOHAMED
NACEUR BEN HAMMOU
MOHAMED BEN MOUSSA
MOHAMMED BEN SI AZZA
OMAR BEN AHMED
OMAR BEN HAMMOU

GROUPE DE SOLDATS  B

Quelques jours avant mon arrivée à Villars-lès-Blamont, J. Bilquez m’a adressé la liste de ces 17 soldats. Nous avons discuté de l’état d’avancement de ses recherches les concernant.
Ces 17 soldats marocains, reconnus « morts pour la France », ont été enterrés en novembre 1944, dans un cimetière militaire provisoire à Maîche (30 km au sud de Villars-lès-Blamont). En 1953 et 1955, les corps ont été exhumés et  transférés à Lyon. A partir de là, c’est un grand point d’interrogation. On perd les traces de nos compatriotes. Par acquit de conscience, J. Bilquez a poussé plus loin ses recherches et finalement retrouvé, dans la nécropole nationale de Rougemont (Doubs), les tombes de deux de ces soldats :
·       AHMED BEN MOHAMED   - Tombe n° 2514
·       MOHAMED OU HAMOU     - Tombe n° 2124
Le sort réservé aux dépouilles de 13 de nos compatriotes est à ce jour inconnu. J. Bilquez émet deux hypothèses : Les corps ont été remis aux familles au Maroc ou alors ils ont été inhumés dans une autre nécropole nationale en France. J’ai dit que j'ai un grand doute sur le fait que tous ces corps aient été transportés et remis à leurs familles au Maroc.

LISTE DES SOLDATS MAROCAINS IDENTIFIÉS ET TRANSPORTÉS AU CIMETIÈRE DE MAÎCHE.

·       ABDESLEM BEN JILALI – né 1918 au Douar Si Larbi Ben Fleck – fils de Jilali Ben Hamenouni et de Fatma Bent Abbou – tué le 15/11/1944 à 11H00 – célibataire, caporal au 1/6ème R.T.M., matricule 1623 – Inhumé à Maîche – transféré à LYON le 31/5/1955. Dossier  AC 21P ? – certificat de décès n° 16 (mairie de Maîche).
·    ABDESLEM BEN MAHJOUB – né en 1916 au Douar AZIZOU – région de MEKNES - fils de El Mahjoub Ben M’Hamed et de Zohra Bent Brahim- Tué par balles le 15/11/1944 à 8H00 – célibataire- Inhumé à Maîche- transféré à LYON le 31/05/1955- Dossier AC 21P 1440 – certificat de décès n° 76 (Maîche), soldat 1ère classe, matricule 19629.
·       ABDELMOULA BEN BOUJEMAA – né en 1918 au Douar Ouled Aïssa, région de MARRAKECH – fils de Boujemaa ben Daho et de Hénia bent Moulay Salek – tué par balles le 15/11/1944 à 14H30 – célibataire, soldat 2ème classe au 1/6ème R.T.M. – matricule 1632 – Inhumé à Maiche – puis transféré à LYON le ? – Dossier AC 21P 1041 – Tué par éclats de mortier – certificat de décès n° 17 (mairie de Maîche).
·       ADDI BEN SAÏD – né en 1908 au Douar Taounia Sidi Mokhtar – fils de Saïd ben Addi et de Hénia bent L’Hadj – Tué le 16/11/1944 à 10H00 – Caporal au 1/16 R.T.M. – marié à Zohra bent Hachami – Inhumé à Maîche puis transféré à LYON le 31/05/1955- Dossier AC 21P 2262 – matricule n° 5274 – certificat de décès n° 20 (Maîche).
·     AHMED BEN MOHAMED – né en 1924 au Douar Tamahit, région AGADIR  – fils de Mohamed ben Ahmed ( feu) et de Fatma bent Bihi – Caporal au 1/6ème R.T.M. – matricule 10838 – Tué par balles le 16/11/1944 à 10H00 – célibataire – Inhumé au cimetière militaire de Maîche – Puis transféré le 02/06/1953 à la nécropole nationale de ROUGEMONT ( Doubs), tombe 2514 – Dossier AC 21P 3494 – certificat de décès n° 23 ( mairie de Maîche).
·  BOUZEKRI BEN HAMADI – né en 1914 au Douar El Jouss , région de CASABLANCA, fils de Hamadi ben Barch et de Addouma bent Salah – soldat 2ème classe au 1/16 R.T.M. – matricule 14 143 – blessé au Bois des Trembles – Décédé le 17/11/1944 au sanatorium de Villers le Lac (annexe de l’hôpital HEM 411) de Maîche (Doubs) – certificat de décès n°77 (Villers le Lac). Le soldat était marié à Aïcha ben Aïachi (domiciliée au Douar Bradia) – soldat blessé par éclats d’obus.
  Dossier AC 21P32162 – Inhumé à ? –
·       BEN ALLAL BEN MOHAMED BEN AHMED – né en 1920 au Douar Zeggour (région de TAZA), soldat de 2ème classe au 1/6 R.T.M. – matricule 13631 – fils de Mohamed ben Ahmed (feu) et de Fatna bent Mokadem – célibataire – tué le 15/11/1944 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière de Maîche (Doubs) puis transféré à LYON le 31/05/1955 – Dossier AC 21P ? – certificat de décès n°10C (mairie de Maîche).
·       GHAZI BEN TAHAR – né en 1921 au Douar Téfaza (région de TAZA) – fils de Tahar ben Ahmed et de Thamou bent Mohamed – célibataire – soldat 2ème classe au 1/6 R.T.M. – matricule 1386 – tué par balles le  15/11/1944 – Inhumé à Maîche (Doubs) puis transféré à LYON le 31/05/1955 – Dossier AC 21P 194 510 – certificat de décès n° 19 799 (01/10/1953).
·       HAMADI BEN AÏSSA BEN LAHCEN – né en 1924 au Douar El Kasba (région de SEFROU) – fils de Ben Aïssa ben Lahcen et de Yamina bent Fatima Driss – célibataire – soldat de 2ème classe au 1/6 R.T.M. – matricule 5572 – Tué le 16/11/1944 à 14H30 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière militaire de Maîche – transféré à LYON le ? – Dossier AC 21P 49 329 – certificat de décès n° 15C (mairie de Maîche) –
·   HASSEN BEN TAYEBI – né en 1917 au Douar Moulay Idriss (région de MEKNES) – fils de El Tayebi ben Ahmed et de Ech Chenra bent Addou – célibataire – caporal au 1/6 R.T.M. 6 matricule 673 – Tué par éclats d’obus le 16/11/1944 à 13H50 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière militaire de Maîche puis transféré à LYON le 31/051955 –Dossier AC 21P 48 778 – certificat de décès n° 9C (mairie de Maîche, Doubs)-
·       LAHCEN BEN MOHAMED BEN ABDALLAH – né en 1919 au Douar Chaouia (région de TAZA) – fils de Mohamed ben Abdellah et de Zahra bent Amar bel Guelaïa – célibataire – soldat de 2ème classe au 1/6 R.T.M. – matricule 13 624 – Tué par éclats d’obus le 16/11/1944 à 13H50 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière militaire de Maîche puis transféré à LYON le 31/05/1955 – Dossier AC 21P 63 400 – certificat de décès n° 12 (mairie de Maîche, Doubs) –
·  MAATI BEN AHMED – né en 1914 au Douar Oulad Salah (région de MARRAKECH) – fils de Ahmed ben Rahal et de Meni bent Hassan – célibataire – soldat 2ème classe au 1/6 R.T.M. – matricule 1316 – 4ème compagnie – Tué par balles le 16/11/1944 au bois des Trembles à 9H30 -       Médaille militaire – Dossier AC 21P 83 556 – Inhumé à Maîche puis ?
· M’HAMMED BEL HOUSSINE – né en 1914 au Douar Kjrib (région de MARRAKECH) – fils de Houssine ben Larbi et de Nejma bent Mina – célibataire – caporal au 1/6 R.T.M. – matricule 1629 – Tué par balles le 15/11/1944 à 14H00 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière de Maiche (Doubs) puis transféré à ? – Dossier AC 21P 89 865 – Acte de décès n° 129 (20/02/1945).
·      MOHAMED OU HAMOU – né en 1918 au Douar Aït ben Ahmane (région de FES) – fils de Hamou ben Lahoussine et de Zahra bent Djenadia – soldat 2ème   classe au 1/6 R.T.M. – matricule 9094 – marié à Zahra bent Mohamed – Tué le 16/11/1944 à 13H50 au Bois des Trembles – inhumé au cimetière militaire de Maîche (Doubs) puis transféré à la nécropole nationale de ROUGEMONT (Doubs), tombe n° 2124 -Dossier AC 21P 97 106 – certificat de décès n°21 C (mairie de Maîche) –
·    MOHAMED BEN LARBI BEN MOHAMED – né en 1920 au Douar Aït Yachi (région de Rabat) – fils de Larbi ben Mohamed et de Ch… ? bent Abdallah – célibataire – Tué par balles le 16/11/1944 à 10H00 au Bois des Trembles – Inhumé au cimetière de Maîche (Doubs), puis transféré à Lyon le ? – Dossier AC 21P 95 108 – certificat de décès n° 22 (mairie de Maiche) –
·       MOHAMED BEN LARBI BEN TAHAR – né en 1910 au Douar Oulad Sidi Aïssa  (région de MARRAKECH), fils de Larbi ben Tahar et de Mina bent Larbi (feu) – célibataire – soldat 2ème au 1/6 R.T.M. – matricule 14 685 – Tué par balles le 16/11/1944 – décédé à l’hôpital de Maîche, le 16/11 suite aux blessures – Dossier AC 21P 95 115 – certificat de décès n° 77 (18/11/1944) –
·     MOKTAR BEN ABDESSLEM – Inhumé au cimetière de Maîche (Carré militaire) le 15/11/1944 – Exhumé le 31/05/1955 – PV n° 689 puis transféré à LYON – Dossier AC 21P 91 783 – Mémoire des hommes      n° 8/56 – Archives militaires – Pas de dossier.

Il reste manifestement des recherches à effectuer. Les familles et parents de ces soldats ne peuvent pas se satisfaire de leur itinéraire et de ces inhumation-exhumation-inhumation, avec au bout une perte de leurs traces.
Le gouvernement marocain devrait mobiliser les organes concernés (Affaires Etrangères, Anciens Combattants) pour s’impliquer sérieusement dans cette histoire. Le sacrifice de nos soldats dans la guerre pour la libération de la France et de l’Europe a été un argument majeur, avec juste raison, dans la quête de l’indépendance du Maroc.
 En reconnaissance de leurs recherches et de tous leurs efforts consentis en vue de rendre une justice posthume à nos soldats, MM. Jean Bilquez et Jean-Pierre Brandelet devraient être associés dans une distinction officielle par notre pays.     

SOLDATS MAROCAINS MORTS EN EUROPE ET HÉROS DE L’INDÉPENDANCE DU MAROC

Dès la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, S.M le Sultan Mohammed Ben Youssef promet à la France " un concours sans réserve, sans lui marchander aucune de ses ressources et sans reculer devant aucun sacrifice". Cette proclamation est lue dans les mosquées marocaines, dans un appel conviant le peuple marocain à soutenir le peuple français. Cet engagement a fait du Maroc un allié de poids et un acteur incontournable dans les campagnes d'Italie (11 février-14 septembre 1944) et de France (septembre 1944-17 avril 1945), avec des contingents de 90.000 hommes pour chacune de ces campagnes.
Le Maroc, par la voix du Sultan, faisait valoir son apport considérable en hommes dans le camp des Alliés et justifiait, ainsi, sa quête de l'indépendance, à la fin de la guerre, devant Franklin Roosevelt et Winston Churchill lors de la Conférence d'Anfa (14-24 janvier 1943).
Janvier 1944 à Casablanca. Assis: Mohammed Ben Youssef, Franklin Roosevelt et Winston Churchill. Debout 3ème à partir de la gauche, le prince Moulay Hassan, futur roi Hassan II.

Après la victoire des Alliés et en reconnaissance au soutien considérable du Maroc, Mohammed Ben Youssef est décoré en tant que Compagnon de la Libération par Charles de Gaulle et assistera, avec lui à Paris, au premier défilé de la France combattante du 18 juin 1945. Nos soldats et Goumiers, rescapés de la guerre, y défilent parmi les armées des vainqueurs.
Quelques mois après ces événements, les principaux interlocuteurs du Sultan Mohammed Ben Youssef n'étaient plus au pouvoir (le président Roosevelt est mort le 12 avril 1945). La lutte pour l'indépendance marocaine devait prendre d'autres formes. Le discours de Tanger (10 avril 1947), pose clairement la question de l'indépendance du Maroc, en évoquant le sacrifice des soldats marocains en Europe: " Le Maroc, comme vous le savez, a pris une part active dans la dernière guerre par ses fils et par tous les moyens dont il disposait jusqu'à la victoire finale. Aujourd'hui, que tous les peuples réclament des droits compatibles avec les temps modernes, il est juste que le peuple marocain obtienne des droits légitimes et voit se réaliser nos aspirations."   
Dans les années qui vont suivre, les actions du Mouvement national, l'exil de Mohammed Ben Youssef et de sa famille en Corse et à Madagascar, la Résistance et le soulèvement général du peuple marocain vont conduire le Maroc et la France aux négociations pour l'indépendance marocaine. Dans ces circonstances, une bonne partie de l'opinion publique française et les négociateurs français eux-mêmes étaient acquis à l'argument suivant: Des milliers de soldats marocains se sont sacrifiés pour la libération de villages et de villes en France et en Europe, il est juste que leur pays, le Maroc, obtienne, en contrepartie, sa propre libération et son indépendance. 
En cela, tous les soldats marocains qui reposent maintenant dans des cimetières français et européens, sont aussi les héros de l'Indépendance de notre pays. 



Abdelmalek Terkemani


La version arabe de cet article sera publiée prochainement.

DERNIERES INFORMATIONS

J'ai reçu en janvier 2020, de la part de Jean Bilquez, un document qui indique les derniers  résultats de ses recherches concernant les lieux d'inhumation des soldats marocains du Groupe B. 
Sur les 18 soldats marocains, identifiés les 15 et 16 novembre 1944, inhumés à Maîche (Doubs) puis exhumés en 1956, il a retrouvé 12 tombes en France:

- 9 à la nécropole de la DOUA à Villeurbanne (Rhône)
- 3 à la nécropole de ROUGEMONT (Doubs)


1. Nécropole nationale de la DOUA à Villeurbanne (Rhône)


2. Nécropole nationale de ROUGEMONT (Doubs)



Il reste encore 6 soldats marocains dont on a perdu les traces et il faut espérer que les recherches se poursuivront avec, cette fois-ci, l'implication officielle et effective de notre pays.
Je tiens à renouveler nos remerciements à mes amis et les amis du Maroc, Jean Bilquez et Jean-Pierre Brandelet pour leur entière disponibilité et leurs efforts continus et inlassables qui ont fait revivre ces soldats dans le coeur de leurs familles et de leurs compatriotes. 
A.T. 




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