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GUERNICA, 1937 GAZA, 2025 |
Un évènement qui a une très forte charge hautement symbolique, aura
lieu le 15 novembre 2025 au stade San Mamès de Bilbao en Espagne : Pour la
première fois dans l’histoire, la Palestine va disputer une rencontre amicale de
football sur le sol européen ! Et cet évènement sera solidaire, car la
totalité des recettes sera reversée aux organisations humanitaires présentes
dans la ville de Gaza. Trois jours après, la Palestine disputera une autre
rencontre amicale en Espagne contre la Catalogne, probablement à Barcelone, le 18
novembre.
Le plus fort de ce symbole est que décision a été prise au cours d’une
rencontre entre les présidents de fédérations palestinienne et basque, qui a eu
lieu, à l’initiative de la ville de Guernica, le samedi 5 octobre, précisément
dans le Musée de la Paix de cette
ville ! Et Guernica est le symbole universel de la lutte contre la
violence et l’injustice.
Le président de la Fédération basque de football, Iker Goñi a bien
justifié le choix de Guernica : « Dans un lieu comme celui-ci, il
est impossible de ne pas se souvenir du 26 avril 1937, quand la barbarie a
ravagé la ville et emporté près de 2 000 vies innocentes. La tragédie de
Guernica est devenue un symbole universel contre la violence et l'injustice.
Aujourd'hui, près de 90 ans plus tard, ce symbole reste vivant et nous
interpelle face à la souffrance d'autres peuples. »
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Guernica, Picasso |
GUERNICA
La ville de Guernica se trouve dans le Pays basque (Espagne), entre
San Sebastian et Bilbao. Quand nos compatriotes rentrent ou repartent du Maroc
en voiture, en traversant le Pays basque, ils traversent cette région de
moyenne montagne bien paisible. Ils ne se doutent pas, peut-être, que la petite
ville de Guernica avait été en 1937, le théâtre de bombardements aériens
destructeurs de la part de l’Allemagne nazie d’Hitler et de l’Italie fasciste
de Mussolini.
Le lundi 26 avril 1937, 44 avions de la légion Condor allemande
nazie et 13 avions de l’Aviation Légionnaire italienne fasciste, vont
intervenir, sans aucun avertissement, dans le ciel serin de Guernica pour semer la
destruction et la mort, parmi la population civile, sans défense.
L’attaque a eu lieu un lundi, jour du marché, pour faire un maximum
de victimes. 60 tonnes de bombes
explosives et incendiaires ont été lâchés sur la population civile. L’attaque
avait commencé à la mitrailleuse, s’était poursuivie par les bombes explosives
et terminée par des bombes incendiaires. Le feu s’était propagé à plus de 70%
des habitations.
Le nombre de morts est estimé à plus de 2000 au cours de la même journée, sur une population de 7000 habitants. Et si l’on considère le nombre de blessés et de brûlés, un habitant sur deux aurait été victime de ces bombardements.
La raison supposée de cette
action était le soutien aux troupes nationalistes du général Franco. Mais
c’était surtout, selon les aviateurs allemands et italiens eux-mêmes, pour
tester sur une vraie population humaine, l’efficacité des nouvelles armes de
ces pays, à l’approche de la guerre qu’ils allaient provoquer : la
Deuxième Guerre mondiale !
Ce bombardement a été considéré, en son temps, comme le tout premier raid de l’histoire de l’aviation militaire moderne sur une population civile sans défense, en Europe.
Historiquement, les bombardements aériens sur
des populations civiles ont eu lieu, en dehors de l’Europe, bien avant 1937 :
L’armée espagnole coloniale d’Afrique avait procédé à des bombardements avec des
armes chimiques, sur des villages et des douars dans le Rif, entre 1921 et
1926. Le général de l’aviation espagnole Hidalgo de Cisneros affirme, dans ses
Mémoires, qu’il a été le premier à larguer une bombe de 100 kg de gaz moutarde,
de fabrication allemande, sur un village du Rif, en 1924.
Le bombardement de Guernica a été énormément médiatisé par le tableau de Picasso, ci-dessus, appelé simplement « Guernica ». Ce tableau a été interdit d’exposition en Espagne, tant que Franco était en vie. De nombreuses œuvres littéraires et artistiques ont contribué à cette médiatisation. Depuis, Guernica est devenue le symbole universel de la Paix. Et c’est cette ville martyrisée en 1937, qui tend une main amicale, au secours d’une ville, Gaza, encore plus martyrisée en 2025 !
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MUSÉE DE LA PAIX- GUERNICA |
GAZA OU LE MASSACRE DES INNOCENTS
La bande de Gaza a vécu sous les attaques aériennes depuis deux ans
(au moins). Toutes les lignes rouges de la barbarie nazie, vécue à Guernica,
ont été franchies dans la bande de Gaza. Les lieux favoris bombardés sont
volontairement choisis pour faire un maximum de morts à chaque attaque
aérienne : les immeubles d’habitation, les écoles et collèges (avec leurs
élèves dedans), les hôpitaux (avec les malades, le personnel soignant dedans),
les points de distribution d’eau ou de nourriture, quand de pauvres enfants
tendent leur bassine pour ne pas mourir de soif et de faim. Les groupes, visés
en priorité pour être éliminés, sont les journalistes, les ambulanciers, les
enseignants, les humanitaires…
Les bibliothèques, les musées et les monuments de mémoire palestiniens,
culturels et religieux, sont systématiquement détruits pour ne pas garder de
traces de l’histoire de la Palestine.
Les survivants affamés font le tour de la bande de Gaza, à pied
pour fuir ces bombardements. Du nord au sud et du sud au nord.
Quand on croit que c’est fini, tout recommence. Et les bombardements des civils continuent avec ou sans cessez-le-feu !
Prenant en compte le nombre d’impacts aériens, des analystes
militaires français estimaient en septembre 2024 le nombre de victimes à
120.000. Le nombre de blessés et de handicapés est du même ordre. Depuis ces
nombres sont largement dépassés.
Comme le dit le journaliste palestinien, Nabil Sheikh Hassan, depuis
la ville de Gaza en ruines, « Il ne s’agit pas ici d’une crise humanitaire
mais bien d’un projet d’anéantissement ».
De plus en plus des peuples, en particulier en Europe, et
contrairement à leurs gouvernements et à leurs médias, montrent des preuves de
dignité humaine et ne veulent pas être complices d’un génocide en cours, en
gardant le silence.
Dans ces circonstances, la main tendue de Guernica à Gaza et à la
Palestine, est un acte plein de symboles de la solidarité humaine et doit être vivement apprécié.
Population gazaouie volontairement affamée |
LE PRIX NOBEL DE LA PAIX AUX VILLES MARTYRES
Alfred Nobel (1833-1896) était un ingénieur suédois qui avait fait
fortune dans l’industrie de la dynamite et des explosifs. Pour se faire
pardonner des malheurs causés par les explosifs sur des populations civiles, il
avait légué sa fortune pour récompenser par un Prix, des personnes qui auront
rendu les plus grands services à l’humanité. Depuis les bénéficiaires peuvent
être un groupe de personnes et même des organisations.
Alfred ignorait qu’un jour un génocidaire allait proposer son
maître et financier, comme lauréat du Prix Nobel de Paix ! C’est bien le monde qui marche sur la tête !
Pour garder de la crédibilité à cette distinction et rester fidèle
à l’esprit d’Alfred Nobel qui voulait se racheter de l’utilisation criminelle
des explosifs, il faut avoir avant tout une pensée pour les milliers de femmes,
d’enfants, de vieillards et de handicapés victimes innocentes sans défense. Le
Prix Nobel de la Paix devrait être attribué à des villes dont la population
civile a été décimée par la dynamite et les bombes explosives, y compris
atomiques comme Guernica, Gaza, Coventry, Hiroshima, et toutes les autres.
C’est de cette manière, que ce Prix pourra être la confirmation d’une
reconnaissance mondiale des crimes et tragédies subis par une population martyre, sur son propre sol.
Et c’est le cas présent de Gaza.