mercredi 22 octobre 2025

GUERNICA ET GAZA : LA SOLIDARITÉ ENTRE DES VILLES MARTYRES

       GUERNICA, 1937            GAZA, 2025
Par Abdelmalek Terkemani

Un évènement qui a une très forte charge hautement symbolique, aura lieu le 15 novembre 2025 au stade San Mamès de Bilbao en Espagne : Pour la première fois dans l’histoire, la Palestine va disputer une rencontre amicale de football sur le sol européen ! Et cet évènement sera solidaire, car la totalité des recettes sera reversée aux organisations humanitaires présentes dans la ville de Gaza. Trois jours après, la Palestine disputera une autre rencontre amicale en Espagne contre la Catalogne, probablement à Barcelone, le 18 novembre.

Le plus fort de ce symbole est que la décision a été prise au cours d’une rencontre entre les présidents de fédérations palestinienne et basque, qui a eu lieu à l’initiative de la ville de Guernica, le samedi 5 octobre, précisément dans le  Musée de la Paix de cette ville ! Et Guernica est le symbole universel de la lutte contre la violence et l’injustice.

Le président de la Fédération basque de football, Iker Goñi a bien justifié le choix de Guernica : « Dans un lieu comme celui-ci, il est impossible de ne pas se souvenir du 26 avril 1937, quand la barbarie a ravagé la ville et emporté près de 2 000 vies innocentes. La tragédie de Guernica est devenue un symbole universel contre la violence et l'injustice. Aujourd'hui, près de 90 ans plus tard, ce symbole reste vivant et nous interpelle face à la souffrance d'autres peuples. »

Guernica, Picasso

GUERNICA

La ville de Guernica se trouve dans le Pays basque (Espagne), entre San Sebastian et Bilbao. Quand nos compatriotes, résidents en Europe, rentrent ou repartent du Maroc en voiture, en passant par le Pays basque, ils traversent cette région de moyenne montagne bien paisible. Ils ne se doutent pas, peut-être, que la petite ville de Guernica avait été en 1937, le théâtre de bombardements aériens destructeurs de la part de l’Allemagne nazie d’Hitler et de l’Italie fasciste de Mussolini.     

Le lundi 26 avril 1937, 44 avions de la légion Condor allemande nazie et 13 avions de l’Aviation Légionnaire italienne fasciste, vont intervenir, sans aucun avertissement, dans le ciel serein de Guernica pour semer la destruction et la mort, parmi la population civile, sans défense.

L’attaque a eu lieu un lundi, jour du marché, pour faire un maximum de victimes.  60 tonnes de bombes explosives et incendiaires ont été lâchées sur la population civile. L’attaque avait commencé à la mitrailleuse, s’était poursuivie par les bombes explosives et terminée par des bombes incendiaires. Le feu s’était propagé à plus de 70% des habitations.

 Le nombre de morts est estimé à plus de 2000 au cours de la même journée, sur une population de 7000 habitants. Et si l’on considère le nombre de blessés et de brûlés, un habitant sur deux aurait été victime de ces bombardements.

 La raison supposée de cette opération était le soutien aux troupes nationalistes du général Franco. Mais c’était surtout, selon les aviateurs allemands et italiens eux-mêmes, pour tester sur une vraie population humaine, l’efficacité des nouvelles armes de ces pays, à l’approche de la guerre qu’ils allaient provoquer : la Deuxième Guerre mondiale !

Ce bombardement a été considéré, en son temps, comme le tout premier raid de l’histoire de l’aviation militaire moderne sur une population civile sans défense, en Europe. 

Historiquement, les bombardements aériens sur des populations civiles ont eu lieu, en dehors de l’Europe, bien avant 1937 : L’armée espagnole coloniale d’Afrique avait procédé à des bombardements avec des armes chimiques, sur des villages et des douars dans le Rif, entre 1921 et 1926. Le général de l’aviation espagnole Hidalgo de Cisneros affirme, dans ses Mémoires, qu’il a été le premier à larguer une bombe de 100 kg de gaz moutarde, de fabrication allemande, sur un village du Rif, en 1924. Et de nombreux autres bombardements aux armes chimiques, sur ordre du général Franco, avaient suivi.

 Le bombardement de Guernica a été énormément médiatisé par le tableau de Picasso, ci-dessus, appelé simplement « Guernica ». Ce tableau, symbole de la guerre aux civils, a été interdit d’exposition en Espagne, tant que Franco était en vie. De nombreuses œuvres littéraires et artistiques ont contribué à cette médiatisation. Depuis,  Guernica est devenue le symbole universel de la Paix. Et c’est cette ville martyrisée en 1937, qui tend une main amicale, au secours d’une ville, Gaza, encore plus martyrisée en 2025 ! 

MUSÉE DE LA PAIX- GUERNICA
   

GAZA OU LE MASSACRE DES INNOCENTS

La bande de Gaza a vécu sous les attaques aériennes depuis deux ans (au moins). Toutes les lignes rouges de la barbarie nazie, vécue à Guernica, ont été franchies dans la bande de Gaza. Les lieux favoris bombardés sont volontairement choisis pour faire un maximum de morts à chaque attaque aérienne : les immeubles d’habitation, les écoles et collèges (avec leurs élèves dedans), les hôpitaux (avec les malades, le personnel soignant dedans), les points de distribution d’eau ou de nourriture, quand de pauvres enfants tendent leur bassine pour ne pas mourir de soif et de faim. Les groupes, visés en priorité pour être éliminés, sont les journalistes, les ambulanciers, les enseignants, les humanitaires…

Les bibliothèques, les musées et les monuments de mémoire palestiniens, culturels et religieux, sont systématiquement détruits pour ne pas garder de traces de l’histoire de la Palestine.  

Les survivants affamés font le tour de la bande de Gaza, à pied pour fuir ces bombardements. Du nord au sud et du sud au nord.

Quand on croit que c’est fini, tout recommence. Et les bombardements des civils continuent, pour tuer des dizaines de Gazaouis chaque fois, avec ou sans cessez-le-feu !

Prenant en compte le nombre d’impacts aériens, des analystes militaires français estimaient en septembre 2024 le nombre de victimes à 120.000. Le nombre de blessés et de handicapés est du même ordre. Depuis ces nombres sont largement dépassés.

Comme le dit le journaliste palestinien, Nabil Sheikh Hassan, depuis la ville de Gaza en ruines, « Il ne s’agit pas ici d’une crise humanitaire mais bien d’un projet d’anéantissement ».

De plus en plus des peuples, en particulier en Europe, et contrairement à leurs gouvernements et à leurs médias, montrent des preuves de dignité humaine et ne veulent pas être complices d’un génocide en cours, en gardant le silence.

Dans ces circonstances, la main tendue de Guernica à Gaza et à la Palestine, est un acte plein de symboles de la solidarité humaine et  doit être vivement apprécié.




Population gazaouie volontairement affamée

LE PRIX NOBEL DE LA PAIX AUX VILLES MARTYRES

Alfred Nobel (1833-1896) était un ingénieur suédois qui avait fait fortune dans l’industrie de la dynamite et des explosifs. Un jour, il découvrit dans la page nécrologique de son journal qu'on le traitait de "marchand de la mort". Pour se faire pardonner des malheurs causés par les explosifs sur des populations civiles, il avait légué sa fortune pour récompenser par un Prix, des personnes qui auront rendu les plus grands services à l’humanité. Depuis, les bénéficiaires peuvent être un groupe de personnes et même des organisations.

Alfred ignorait qu’un jour un génocidaire allait proposer son maître et financier, comme lauréat du Prix Nobel de la Paix ! C’est bien le comble de l'arrogance et c'est le monde qui marche sur la tête !

Pour garder de la crédibilité à cette distinction et rester fidèle à l’esprit d’Alfred Nobel qui voulait se racheter de l’utilisation criminelle des explosifs, il faut avoir avant tout une pensée pour les milliers de morts, de femmes, d’enfants, de vieillards et de handicapés victimes innocentes sans défense. Le Prix Nobel de la Paix devrait être attribué à des villes dont la population civile a été décimée par la dynamite et les bombes explosives, y compris atomiques comme Guernica, Gaza, Coventry, Hiroshima, et toutes les autres.

C’est de cette manière, que ce Prix pourra être la confirmation d’une reconnaissance mondiale des crimes et tragédies subis par une population martyre, sur son propre sol. Et c’est bien le cas présent de Gaza.

Abdelmalek Terkemani

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vendredi 27 décembre 2024

SAVANTS MAROCAINS DANS L'HISTOIRE


Par Abdelmalek Terkemani

PUENTE  ABBAS IBN FIRNAS  CORDOBA



  • Comme chaque année, l’Europe fête les « Journées du Patrimoine», une manière de rappeler et de faire connaître des Hommes, des événements et des monuments marquants dans l’Histoire de l’Humanité. En 2024, le Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy de Toulouse (France) a organisé, pendant deux jours, ces « Journées » autour de l’astronome marocain du 13ème siècle, Abû Bakr Ibn Yûsuf et de son astrolabe, conservé depuis plus d’un siècle dans ce musée.
  • En 2011, un pont a été édifié sur le Guadalquivir à Cordoue (Espagne) et porte le nom du savant maroco-andalou Abbas Ibn Firnas.
  • Une route entre Malaga et Grenade en Espagne porte le nom du géographe marocain Al-Idrissi, car elle révèle, à travers ses écrits, ce qu’était la vie de cette région au 12ème siècle. De même, dans une place de Port-Louis capitale de l’Ile Maurice, en plein Océan indien, un monument et un planisphère ont été édifiés en l’honneur de Mohammed Al-Idrissi, car il a été le premier à indiquer la présence de cette ile sur une de ses cartes géographiques, il y a neuf siècles.
  • Le plus grand Mall du Moyen Orient à Dubaï porte le nom du géographe/voyageur marocain Ibn Battouta. Ce dernier est considéré par le prestigieux Observatoire de Greenwich (Londres) comme l’un des plus grands Voyageurs dans l’Histoire, au même titre qu’Ulysse, Marco Polo et Christophe Colomb.
  • Afin de souligner l’apport des savants musulmans aux sciences, l’Union Astronomique Internationale a honoré, en 1933, ces savants en donnant leur nom à des cratères de la Lune ! Parmi ces 25 savants, huit sont marocains ou maroco-andalous : Al-Bakri, Al-Bitrouji, Al-Mourrakouchi, Al Zarqali, Ibn Bajja, Ibn Battouta, Ibn Firnas et Ibn Rochd. 
  • Des astrolabes, des quadrants, des cadrans solaires, des globes célestes, des cartes géographiques, des livres de savants marocains et maroco-andalous sont conservés (certains depuis de nombreux siècles) dans des musées et des bibliothèques prestigieux en Espagne, au Portugal, en Italie, en Belgique, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Egypte, en Turquie et aux Etats-Unis d’Amérique.

Ce document est une tentative pour la présentation des savants marocains et de leurs œuvres, dans l’Histoire. Ces derniers ont opéré essentiellement dans le domaine de l’astronomie. Et ce domaine s’appuie sur des disciplines les plus diverses, comme les mathématiques, la physique, la chimie des métaux, la géographie, la connaissance du mouvement des étoiles et des planètes. C’est ce qui prouve l’étendue des connaissances et de la maîtrise de ces disciplines par  ces savants.

La majorité des œuvres de ces savants sont conservées dans des bibliothèques et des musées prestigieux à l’étranger. Les œuvres de quelques savants marocains, sont conservées dans certains musées au Maroc, mais malheureusement ne sont pas mises en valeur et, le plus souvent, ne sont accompagnées d’aucune note explicative ni sur l'histoire de ces instruments scientifiques ni sur leur fonctionnement.

L'objectif ici est de faire connaître ces trésors, en particulier au public marocain, et d'inciter les responsables marocains de l’Education nationale, de la Culture ou des Musées d'en prendre conscience. Car l'histoire de notre pays sera absolument incomplète, si elle ne met pas en valeur les Hommes illustres du Maroc et parmi eux, ses savants. 

 SAVANTS MAROCAINS ET LEURS ŒUVRES

Ce document est le fruit de recherches approfondies sur l’astronomie musulmane, de visites de musées, de bibliothèques et d'expositions dans de nombreux pays d'Europe, en Turquie, en Egypte et, naturellement au Maroc.

Le nom des savants est donné selon l’ordre alphabétique.    

GEOGRAPHES MAROCAINS

ABÛ ABDALLAH IBN BATTOUTA أبو عبد الله إبن بطوطة 

1304-1370       Tanger

  • « Rihla », Récits de nombreux voyages de 117 000 km, de Tombouctou (Mali actuel) jusqu'à la Volga au Nord et à Guanzou, sur la route de la soie en Chine. Avait assuré quelques missions diplomatiques pour le Sultan Abou Lhassan Ali en Afrique et en Al-Andalous.

Un cratère de la Lune porte son nom : Ibn Battouta

MOHAMED AL-IDRISSI     محمد الإدرسي

(1100-1165) Sebta et Sicile

  •  نزهة المشتاق في اختراق الآفاق ou « Livre de Roger », 1154.
  • Version du 16ème  siècle, conservée à Bodlean Library à Oxford/Angleterre
  • Version du 16ème siècle, conservée à la Bibliothèque nationale de France, Paris
CARTE DU GLOBE TERRESTRE D'AL-IDRISSI, 1154
 

ASTRONOMES MAROCAINS ET MAROCO-ANDALOUS

 

ABDALLAH BEN SASSI    عبد الله بن ساسي

17ème siècle    Safi

Astronome de Sultans alaouites. Son astrolabe est conçu pour fonctionner sous la latitude du palais royal de Meknès, des villes de Safi et Marrakech. Saint vénéré dans sa ville de Safi, son tombeau a été détruit lors des travaux d’extension du port de cette ville, dans les années 90.

  • Astrolabe daté de 1099 H, conservé au History of Science Museum à Oxford/Angleterre

                ABÛ ALI AL HASSAN AL MOURRAKOUCHI 

13ème siècle  Marrakech et Le Caire

Astronome et mathématicien marocain dans le domaine de la trigonométrie et de l’astronomie pratique.

  •  جميع المبادي و الغايات في علم الميقات  Recueil des principes et objectifs de la mesure du temps  

C’est un traité sur l’astronomie sphérique et les instruments astronomiques, écrit au Caire entre 1276 et 1282. Cet ouvrage a été traduit par J.J.E  Sédillot (1777-1832), orientaliste et astronome français. (Conservé à l’Imprimerie Royale, Paris)

 

ABÛ AL QASSIM ABBAS IBN FIRNAS        أبو القاسم عباس إبن فرناس

810-887  Ronda et Cordoue

Astronome, chimiste et précurseur de l’aéronautique. Comme preuve pratique de ses théories, il aurait sauté, avec une espèce de parachute, du haut du minaret de Cordoue. (Minaret dont j’ai escaladé l’escalier en janvier 2024)

Concepteur d’une sphère armiliaire et d’un planétarium.

Un cratère de la Lune porte son nom. En 2011, un pont sur le Guadalquivir à Cordoue a été inauguré et porte son nom : Puente Abbas Ibn Firnas

AHMED BEN HUSSAIN BASO    باسوأحمد بن حسين 

13ème siècle   Grenade                           غرناطة

Mouaquit dans la Grande Mosquée de  Grenade

Astrolabe daté 664 H, conservé à Real Academia de Historia, Madrid

ABÛ BAKR IBN YÛSUF   أبو بكر بن يوسف

13ème siècle    Marrakech   

  • Astrolabe daté 605 H, conservé au Musée de l'Observatoire, Strasbourg

Cet astrolabe a été étudié dans tous ses détails de construction par le mathématicien français F. Sarrus, dans « Description d’un astrolabe construit à Maroc en l’an 1208 », en 1852.

  • Astrolabe daté 610 H  conservé au Musée des Civilisations, Rabat (anonyme !)
  • Astrolabe  daté 613 H  conservé au Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy, Toulouse

Cet astrolabe est étudié dans ses détails de construction par R. D’Hollander  dans « l’Astrolabe, Histoire, Théorie et pratique »

  • Astrolabe  daté 615 H,  Collection privée Baron de Larrey (médecin personnel de Napoléon Bonaparte)
  • Astrolabe daté 603 H, dédié à Abû Mohammed Abd-al Haqq, prince Almohade à Marrakech (vendu par Sotheby's à Londres en 2007) 
Astrolabe de Abû Bakr Ibn Yûsuf démonté.
Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy, Toulouse.


              ABÛ AL ABBAS IBN AL BANNA   أبو العباس إبن البناء

1256-1321 Marrakech

Mathématicien et astronome, sous l’ère almohade et mérinide

  • Œuvres  sur l’analyse combinatoire. Sommaire des opérations arithmétiques et Lever du voile sur les opérations de calcul.    تلخيص أعمال الحساب و رفع الحجاب  

Un cratère de la Lune porte son nom : Al Marrakushi   

 AHMED BEN MOHAMED BEN HAROUN AL HADAMI

14ème siècle Marrakech

  • Astrolabe, daté 728 H, fabriqué à Marrakech, conservé au  Musée Dar Batha, Fès.                                                                        

ALI IBN AHMED TILIMSANI    علي إبن أحمد التلمساني

14ème siècle Fès

Astronome de Abû Inane, Sultan mérinide. Mouaquit à Fès

Concepteur de l’Horloge de Madrasat Al Bou’ananya.

ALI IBN IBRAHIM AL HARRAR     علي إبن إبراهم الحرار                14ème siècle   Taza

Mouaquit et Mouaddine à Taza

  • Astrolabe daté 728 H, conservé au History of Science Museum, Oxford/Angleterre.

Il s’agit d’un astrolabe universel, fonctionnant indépendamment de la latitude du lieu de mesure, unique en son genre appelé « Lamina universelle d’Oxford ». Son étude est également traitée par R. D’Hollander.

HASSAN BEN AHMED AL BATTOUTI   حسن بن أحمد البطوطي

18ème siècle  Tanger et Tétouan ?

Astronome, comme son frère Mohamed Ibn Ahmed Al Battouti

  • Astrolabe daté 1103 H, conservé au National Museum           of American History, Washington/USA
  • Astrolabe daté 1106 H, conservé au Museum of Islamic Art, Le Caire

IBRAHIM BEN MOHAMED ARAQQAM  إبراهم إبن محمد الرقآم     

14ème siècle   wadi Esh (Guadix)

  • Astrolabe daté 720 H, conservé à Real Academia de Historia, Madrid

IBRAHIM IBN SAÏD AS SAHLI   إبراهم إبن سعيد السهلي

11ème siècle  Valence et Tolède

  • Astrolabe daté 459 H, conservé à Museo Arqueológico Nacional, Madrid
  • Astrolabe daté 460 H, conservé à History of Science Museum, Oxford
  • Astrolabe daté 463 H, conservé au Museo Astronomico, Rome
  • Globe céleste daté 478 H, conservé au Museo di Storia della Scienza, Florence (œuvre réalisée avec son fils astronome, Abû Abdallah Ibn Ibrahim)

MOHAMED BEN AHMED AL BATTOUTI  محمد بن أحمد البطوطي

18ème siècle  Tanger et Tétouan ?

  •    Astrolabe daté 1136 H, conservé au National Museum of       American History, Washington.USA 
  •   Astrolabe daté 1136 H, collection Prof. Henri Terrasse
  •   Astrolabe daté 1138 H conservé dans la Grande Mosquée de Fès-Jadid
  •   Astrolabe, daté 1141 H conservé au History of Science Museum, Oxford/Angleterre
  •   Astrolabe daté 1141 H, conservé au Musée Batha, Fès
  •   Astrolabe daté 1142 H, conservé à la Bibliothèque générale, Tétouan
  •   Quadrant daté 1142 H, conservé à la Bibliothèque générale, Tétouan
  •   Astrolabe daté 1146 H, collection Billmeir
  •   Astrolabe daté 1150 H, conservé au National Maritime Museum, Greenwich/Angleterre

  MOHAMMED BEN FATTOUH AL KHAMAÏRI           محمد بن فتوح الخمايري

13ème siècle Séville et Marrakech

   Astronome sous l’ère almohade. Certainement le plus         grand constructeur d’astrolabes, compte tenu du   nombre    de musées à travers le monde où les siens sont     conservés.

  •   Astrolabe daté 613 H, conservé à Osservatorio     Astronomico, Roma
  •   Astrolabe daté 614 H, conservé au Musée Dar Batha, Fès
  •  Astrolabe daté 615 H, conservé à la Bibliothèque nationale de France, Paris
  •  Astrolabe daté 618 H, conservé à Museum of the History of Science in Islam, Istanbul
  •  Astrolabe daté 615 H, conservé à Cattaoui Pacha, Le Caire
  •  Astrolabe daté 618 H, conservé à History of Science Museum, Oxford/Angleterre
  •  Astrolabe daté 621 H, conservé à History of Science Museum, Oxford/Angleterre
  •  Astrolabe daté 634 H, conservé à Adler Planetarium, Chicago/USA
Astrolabe de Ben Fattouh Al Khamaïri, conservé à
Adler Planetarium de Chicago, USA.


       MOHAMED BEN ABDALLAH SANHAJI     محمد بن عبد الله الصنهاجي

14ème siècle  Fès

  Constructeur d’une horloge à eau (clepsydre) dans la        mosquée Quarawiyyines, en 717 H. Celle-ci avait remplacé l’horloge construite par Mohamed Al Habbak en 685 H. 

En 738 H, Abu Zayd Abderrahman, disciple d’Ibn Al Banna, avait couplé cette horloge à un astrolabe.

 

     MOHAMED BEN SAÏD AS-SABAN    محمد بن سعيد الصبان

11ème siècle  Madinat Al Faraj/Guadaljara

  • Astrolabe daté 466 H, Emplacement actuel inconnu. Auparavant conservé à National Museum, Munich.
  • Astrolabe daté 474 H, conservé à History of Science Museum, Oxford/Angleterre

MOHAMED  SAFFAR        محمد الصفار

15ème siècle  

  • Astrolabe daté 882 H, conservé à Museum of Islamic Art, Le Caire
  •  Astrolabe daté 882 H, conservé à Fitzwilliam Museum, Cambridge/Angleterre
  • Astrolabe daté 886 H, conservé à History of Science Museum, Oxford/Angleterre
  • Astrolabe daté 898 H, conservé à Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles

OTHMAN BEN ABDALLAH ASSAFFAR عثمان بن عبد الله الصفار

13ème siècle  Fès

  • Astrolabe daté 699 H, conservé à Museo di Storia della Scienza, Florence

NOUR EDDINE AL BITROUJI  نور الدين البطروجي

12ème siècle, né au Maroc et installé en Al-Andalous

Astronome et disciple d’Ibn Tofayl

  • Théorie des orbites planétaires. Livre sur l’astronomie, remise en cause du système géostationnaire datant de Ptolémée, savant grec.

Un cratère de la Lune porte son nom latinisé : Alpetragius  

    

Abdelmalek Terkemani

Pour en savoir plus :

  • Description d’un astrolabe construit à Maroc en l’an 1208 . F. Sarrus, 1852
  • Islamic astrolabists and their works .L.A. Mayer, 1956
  • A Catalogue of Medieval Astronomical Instruments. D.A.King, 1990. Frankfurt/Main
  • L’Astrolabe, Histoire, Théorie et Pratique. R. D’Hollander, 1999  

 

 

jeudi 12 septembre 2024

UN ASTRONOME MAROCAIN POUR SYMBOLISER LE PATRIMOINE SCIENTIFIQUE EN EUROPE EN 2024 ...

Par Abdelmalek Terkemani

ARAIGNÉE DE L'ASTROLABE D' ABÛ BAKR IBN YÛSUF, ASTRONOME MAROCAIN                      Photo Musée Paul-Dupuy

UNE TRÈS BONNE NOUVELLE !

Le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" de Toulouse organise "LES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE" , les 21 et 22 septembre 2024. Cet évènement se déroulera autour  d’Abû Bakr Ibn Yûsuf, astronome marocain du 13ème siècle. C'est une excellente nouvelle!

Ce savant avait construit de nombreux astrolabes à Marrakech, souvent conservés en Europe, et dont l’un est conservé dans ce musée de Toulouse.

Cet astrolabe a fait partie de la collection de Pierre-Paul Riquet, constructeur du Canal du Midi. On se demande, alors, si cet instrument n’avait pas été utilisé pour les relevés topographiques dans ce projet pharaonique, au 17ème siècle. Il est conservé au musée de Toulouse depuis 1893.

Il est daté 615 H, soit 1218, donc sous l’ère almohade, d’une grande élégance et est considéré comme un modèle  de rigueur scientifique. Il a été disséqué et étudié dans les livres les plus prestigieux et les plus aboutis sur  la théorie, la pratique et l’histoire de l’astrolabe. La photo, ci-dessus, montre une pièce essentielle de cet astrolabe. Cette pièce s’appelle Al 3ankaboute العنكبوت  en arabe, l’araignée en français et rete en anglais C’est un concentré des sciences astronomiques, physiques, trigonométriques et géographiques, d'il y a 800 ans. Elle préfigure ce que nous appelons le réseau ou le web aujourd’hui. Elle représente une partie du ciel autour de la Terre et les crochets représentent 25 étoiles les plus brillantes du ciel aux latitudes méditerranéennes, et donc au Maroc. Sous chaque crochet, Abû Bakr avait gravé, avec une calligraphie divine, le nom de l’étoile correspondante. Le Soleil est matérialisé par son orbite projetée sur un plan, sous forme d'une couronne circulaire.  

ASTROLABE D'ABÛ BAKR IBN YÛSUF DÉMONTÉ              Photo Musée Paul-Dupuy

 J’avais découvert cet astrolabe dans ce même musée à Toulouse, en 1965 ! Le temps passe….  

Depuis, j’ai dévoré tout ce que j’ai eu entre les mains sur cet astrolabe et sur les savants astronomes marocains. Visité des bibliothèques et des musées à travers le  monde, sur ce sujet. Partagé ce savoir dans des exposés et conférences dans des lycées, des facultés de sciences, des Ecoles d’Ingénieurs au Maroc et en France. Publié des dizaines d’articles sur les savants marocains dans l’Histoire et sur l’astronomie musulmane. Fait construire un astrolabe par une astronome en France, pour les latitudes de Marrakech, Casablanca et Fès.

Je tiens à remercier et à féliciter le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" de Toulouse, pour cette initiative qui rend hommage à l’astronome marocain Abû Bakr Ibn Yûsuf et qui honore le Maroc.

UNE TRÈS MAUVAISE NOUVELLE !

L’astronome marocain Abû Bakr Ibn Yûsuf n’a, tout simplement, aucune existence au Maroc !! Lui et une vingtaine de savants marocains sont exclus des programmes d’enseignement du primaire au supérieur et des Musées du Maroc. Il y a quelques années, ce même astrolabe avait été exposé pendant 6 mois, lors de l'exposition "Le Maroc Médiéval", dans un Musée à Rabat, bien volontairement, sans le nom d’Abû Bakr Ibn Yûsuf (pourtant gravé au dos) lequel a été effacé des cartels. Une honte absolue et une indignité sans nom d’un soit-disant responsable de musées du Maroc.

  Les responsables des Départements de l’Enseignement, de la Culture et de la Fondation  des Musées au Maroc, ont décidé que le public marocain ne doit jamais savoir qu’il y a eu des savants marocains dans l’Histoire du Maroc. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Ces savants ne sont pas dans des livres, pas dans les cours à l’Ecole, au Lycée et dans les Facs, jamais dans des documentaires scientifiques à la Télé, pas dans des films, pas sur des timbres-poste. Leur tombe, quand elle existe, est dans un état déplorable (Ibn Battouta à Tanger) ou carrément rasée (Abdallah Bensassi à Safi). Les répliques de leurs cadrans solaires, leurs astrolabes, leurs quadrants, leurs globes célestes et leurs cartes géographiques d’il y a 800 ans ne sont jamais utilisées pour décorer des jardins publics, des entrées de facultés, des amphithéâtres, des préaux de lycées ou, bien évidemment, des bureaux de ministre au Maroc. Leur nom n'est jamais (ou très rarement) donné à des rues, des boulevards ou des places publiques.    

Pendant ce temps, des bibliothèques et des musées à l'étranger conservent précieusement, respectueusement et dignement, des livres et des astrolabes de ces savants marocains, en Espagne, au Portugal, en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Egypte, en Turquie et aux Etats-Unis d’Amérique...

Je publierai, bientôt, la liste des savants marocains dans l’Histoire, avec l’inventaire de leurs œuvres ainsi que les musées dans lesquels celles-ci sont conservées. Vous serez surpris, comme je l'ai été moi-même, par le nombre et le grand prestige des bibliothèques et des musées à travers le monde, où elles sont conservées. 

Depuis des siècles, ces savants représentent dans ces pays la civilisation marocaine, chose que les responsables actuels ne veulent absolument pas entendre. C'est une malédiction terrible qui poursuit notre pays: Des savants marocains qui font honneur au Maroc et à son Histoire , sont glorifiés à l'étranger, mais restent barrés chez eux au Maroc par de hauts responsables, vraiment pas à la hauteur du patrimoine scientifique marocain, et qui n'accordent aucun intérêt aux Grands Hommes du Maroc et aux trésors qu'ils ont légués.

En attendant, Abû Bakr Ibn Yûsuf, astronome marocain du 13ème siècle, avec son astrolabe défendra, seul, l’honneur des savants marocains et du Maroc, dans le "Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy" à Toulouse, lors des "JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE", les 21 et 22 septembre 2024.

Abdelmalek Terkemani


  • Pour en savoir plus sur l'histoire et le fonctionnement de cet astrolabe, suivre le lien:

https://marocitineraires.blogspot.com/2015/07/abu-bakr-ibn-yusuf-astronome-marocain.html 

  • Site du musée Paul-Dupuy:

https://museepauldupuy.toulouse.fr/journees-europeennes-du-patrimoine-2024/ 

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