Quelle était donc l'histoire de ce film ?
Si vous voulez connaître un film qui a fait pleurer des générations de Marocains dans les années quarante et cinquante, c'est bien celui-là. On peut parler du même phénomène dans les autres pays arabes, car à l'époque, le cinéma égyptien était une espèce de miroir pour les sociétés arabes. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le grand succès pour les nouvelles naissances de l'époque, dans tous les pays arabes, du prénom Abdelouahab .
Il me semble que les étés étaient plus chauds, les hivers plus froids et les printemps plus gais. La jeunesse marocaine de ce temps-là, c'est à dire les grands-parents ou même les arrière grands-parents actuels (que Dieu les protège), n'avait ni internet ni smartphones. Le seul divertissement qui servait de soupape était le cinéma pour voir et vivre ce genre d'histoire. En dehors des cinémas, la radio, il y avait une seule de la rue El Brihi à Rabat, diffusait en boucle les chansons du film. Donc forcément, ce film était le sujet de discussion du moment..
Le cinéma القناريه ALQANNARIA à Marrakech ou le cinéma الملكي ROYAL à Casablanca, et d'autres à travers le Maroc (que sont-ils devenus?), faisaient le plein avec ces films. L'histoire racontée ici est celle d'un amour qui finit tragiquement par le suicide par noyade de l'héroïne de cette histoire. La scène finale du film montre la visite du tombeau de la bien-aimée par le héros qui chante أيها الراقدون تحت التراب "Ô vous qui dormez sous terre...si vous m'entendez". Une chanson bien triste et qui donne de vrais frissons à ceux qui comprennent ces mots....
Une scène de ce film avait été tournée dans le Parc Montsouris à PARIS, en face de la Cité universitaire internationale. Malheureusement, Il me semble que plus personne ne veut voir ça maintenant. C'est du noir et blanc, avec des répliques lentes et des regards qui durent une éternité, mais que d'émotions et de larmes dans le film et...dans la salle de cinéma aussi.
Maintenant la réalisation de ce film a une histoire et une morale bonne à savoir par les temps qui courent.
Quand on allait au cinéma, au début des années cinquante, on voyait dans le générique initial des films arabes, des noms européens et l'on pensait immédiatement à des techniciens ou des photographes. C'est souvent le cas, mais ici le nom européen est, comme je viens de le découvrir, celui du romancier français qui a écrit cette histoire : Alphonse Karr.
Mostafa Lotfi Al Manfalouti |
Il a surtout adapté le roman " Sous les tilleuls" d'Alphonse Karr, pour écrire ماجدولين . Et Magdeleine est le prénom de l'héroïne dans le roman de Karr.
C'est quelques années après la mort d'Al-Manfaloti, que cette histoire a été portée à l'écran sous le titre Les larmes d'amour دموع الحب .
Voila donc une histoire née dans la tête d'un romancier français, adaptée par un écrivain égyptien, portée à l'écran par des Egyptiens et montrée au cinéma pour donner de grandes émotions et des larmes au public dans les pays arabes.
Quand on voit des gens d'horizons différents, capables de sentir, de penser et de travailler ensemble, pour nous donner de telles émotions, on se dit qu'il ne peut pas y avoir de place pour la haine.
Voila donc une histoire née dans la tête d'un romancier français, adaptée par un écrivain égyptien, portée à l'écran par des Egyptiens et montrée au cinéma pour donner de grandes émotions et des larmes au public dans les pays arabes.
Quand on voit des gens d'horizons différents, capables de sentir, de penser et de travailler ensemble, pour nous donner de telles émotions, on se dit qu'il ne peut pas y avoir de place pour la haine.