CANDIDATURE DU MAROC A LA PRÉSIDENCE DU FIDA
Le Maroc
va bientôt retrouver sa place au sein de l’Union Africaine. Hasard des
calendriers, au même moment, Madame ISMAHANE ELOUAFI, généticienne marocaine de
renommée mondiale, présente sa candidature à la présidence du Fonds
International de Développement Agricole-FIDA- Institution spécialisée des
Nations Unies.
J’ai vu, comme vous, défiler sur l’écran cette dernière nouvelle,
il y a une semaine et je constate, comme vous, qu’il n’y a pas encore de
communiqué ou de déclaration du gouvernement ou des partis politiques marocains
pour marquer leur soutien à la candidate du Maroc, Ismahane Elouafi !
Il faut savoir que nous n’avons jamais eu un Marocain ou une
Marocaine à la présidence d’une institution mondiale de cette envergure. Ce
jour est peut être arrivé et c’est une opportunité exceptionnelle qui se
présente, peut-être, une fois tous les dix/quinze ans seulement. C’est une
excellente nouvelle pour le Maroc : en quelques mois, notre pays a vu l'écrivaine marocaine, LEÏLA SLIMANI, devenir lauréate du prix Goncourt à Paris,
et verra, Inchaallah, la généticienne marocaine de stature mondiale, ISMAHANE
ELOUAFI, devenir Présidente d’une institution des Nations Unies. Dans le
contexte actuel et au sein du Monde islamique, la femme marocaine illustre
parfaitement le particularisme du Maroc dans sa quête de modernité et
d’ouverture sur le monde.
Il y a d’autres candidats à ce poste qui seront, naturellement,
soutenus par leur pays. Les Etats membres amenés à voter sont au nombre de 176.
Notre candidate, Madame ELOUAFI, actuellement Directrice générale du Centre International
d’Agriculture Biosaline (CIAB) à Dubaï, a des références de premier ordre et toutes
ses chances. Notre classe politique et nos décideurs doivent prendre la mesure
de cet évènement. Une opération de
lobbying de grande envergure doit s’organiser, DANS LES MEILLEURS DELAIS, c’est
la règle. Notre ministère des Affaires Etrangères, nos diplomates ainsi que le
ministère de l’Agriculture, connaissent
parfaitement les enjeux de cette élection et ce qu’il faut faire. Aucune voix de pays Amis, d’Afrique, du Monde
islamique, du Monde arabe et du reste du monde ne doit manquer à notre
candidate, et donc au Maroc.
Nos hommes politiques devraient mettre en sourdine, pour un
instant, leurs querelles et soutenir d’un même élan cette candidature,
contribuant ainsi, à placer le Maroc au rang qui doit être le sien, dans le
concert des Nations.
Nous, nous ne votons pas, mais nous pouvons montrer et prouver
notre soutien à la Représentante de notre pays pour qu’elle sache que nous la
porterons vigoureusement à bout de bras jusqu’à sa désignation à la Présidence
du Fonds International de Développement Agricole. Ce dernier a pour objectifs « …le
développement agricole et rural dans les pays en développement et en transition…et d’y
combattre la faim, la malnutrition et la pauvreté… ». C’est une
mission qui est bien cernée dans le programme exposé par notre candidate à Rome
et qui convient parfaitement à la vocation traditionnelle de notre pays.
Dorénavant, ce blog http://www.marocitineraires.blogspot.com, devient un
support pour la candidate du Maroc, Madame ISMAHANE ELOUAFI. Il reste
disponible pour elle, pour toute information ou document qu’elle souhaiterait
rendre public.
En tant qu’ancien expert de l’ONU, durant une vingtaine d’années,
je reste à sa disposition pour toute information ou conseil utiles.
Annexe:
Note: Cette élection aura lieu à Rome les 14-15 Février 2017.
Abdelmalek TERKEMANI
L' article qui suit, a été publié pour la première fois en 1997, dans la presse marocaine, Opinion, Libération et Al Bayane. La question de la présence du Maroc au sein des organisations internationales, décrite ici, n'a pas changé fondamentalement.
LE MAROC DANS LE MONDE
De
nos jours, il n’y a pratiquement plus de domaine de l’activité économique et
sociale qui ne soit pas traité sous l’angle de la mondialisation, la
globalisation ou la régionalisation. Ces nouveaux espaces socio-économiques,
longtemps en gestation, ne sont pas nés spontanément, mais la conjugaison de
certains ingrédients en a accéléré et amplifié le mouvement : effondrement
du communisme, libéralisation des économies et fantastiques progrès des
techniques de l’information et de la communication.
Ce
mouvement qui semble maintenant irréversible impose à notre pays et également à
nos entreprises d’une certaine taille la recherche de créneaux pour se
positionner sur l’échiquier international. Il faut bien comprendre que nous ne
sommes pas les seuls à chercher. Autant dire qu’il faut trouver !Publication de cet article dans la presse marocaine en 1997 |
Pour
notre pays qui veut se projeter dans ces nouveaux espaces, une démarche
rationnelle, entre autres pistes à explorer en premier lieu, serait de se
pencher, avec une grande attention, sur sa présence au niveau des organisations
internationales. Il va sans dire que si le Maroc veut s’ouvrir sur le monde, il
devra d’abord s’intéresser à l’élément humain marocain dans les organisations
mondiales. Le lien est clair et évident.
Il
faut savoir, en effet, que la création de nouveaux espaces socio-économiques
s’accompagne souvent par le renforcement des organisations régionales ou
mondiales déjà existantes ou de l’émergence de nouvelles.
Tout
est question de nuances : Même si ces organisations n’ont pas toujours le
pouvoir de décision, elles ont souvent les responsabilités d’assistance, de
coopération, de normalisation et de réglementation. Elles ont aussi le pouvoir
de proposition. Ce n’est pas un pouvoir de décision, mais cela lui ressemble.
ORGANISATIONS INTERNATIONALES ET NOUVELLES PERSPECTIVES
Les
dates anniversaires sont généralement des moments propices pour établir des
bilans et tracer des perspectives d’avenir. C’est ce que les pays du monde
entier on fait, fin 1995, lors du Cinquantenaire des Nations Unies à New York.
Sur le bilan, l’accord a été unanime : Les Nations Unies sont et seront
une nécessité pour la concorde entre les peuples. Pour les perspectives
d’avenir, la tendance majoritaire a convergé vers la logique suivante :
puisqu’il ne peut y avoir de paix sans le développement, c’est alors à ce
domaine que l’ONU et ses institutions spécialisées devront consacrer l’essentiel
de leurs efforts. "L’initiative spéciale de l’ONU pour l’Afrique"
prise en mars 1996, s’inscrit en droite ligne dans cette logique. Ce changement
de cap, dans le contexte de nos prospections, nous concerne et nous interpelle.
Quelle
stratégie devrons-nous adopter en matière de présence de notre pays au sein de
ces organisations dont les attributions sont, précisément, la coopération et
l’assistance au développement?
Les
organisations internationales, notamment celles des Nations Unies, dont le
nombre dépasse la quarantaine, sont d’inégale importance du point de vue du
budget ou du personnel ; par exemple, la FAO emploie 2.000 fonctionnaires
environ. Elles couvrent pratiquement tous les domaines de l’activité
humaine : santé, économie, éducation, travail, télécommunications,
environnement etc. Certaines sont suffisamment médiatisées pour être reconnues
par la simple évocation de leurs initiales : FAO (agriculture), OMS
(santé), UNICEF (enfance), UNESCO (Education), UIT (télécommunications), OIT
(travail)…Avec les restructurations qui se profilent et les nouvelles
orientations assignées à l’ONU, ces institutions seront, de plus en plus, de
puissants vecteurs de coopération et d’assistance technique dans leur domaine
respectif. Pour les talents, les compétences et le savoir-faire marocains,
elles constituent parfaitement le canal approprié pour que notre pays puisse
jouer un rôle majeur tant en Afrique qu’ailleurs dans le monde.
ACTIONS
PASSÉES ET ENTRAVES PRÉSENTES
NATIONS UNIES |
Seulement,
ces efforts considérables qui nous honorent, auraient mérité un meilleur
prolongement, car malheureusement, ils n’ont pas été relayés par une présence permanente
au sein des organisations mondiales qui soit à la hauteur de notre rôle passé
et présent.
En
effet, il est tout à fait navrant de constater un déficit flagrant, en matière
de présence marocaine dans les organisations internationales, notamment celles
de l’ONU et des institutions spécialisées.
A
titre d’exemple, jamais une de ces institutions n’a été dirigée par un
Marocain, alors que des pays de même rang que le nôtre ont eu cet
honneur : l’Egypte et le Ghana (ONU), le Sénégal (UNESCO, FAO) la Tunisie
(UIT), le Liban (FAO) etc. Jusqu’à ce jour, le plus haut rang occupé par l’un
des nôtres, est une troisième, voire quatrième position hiérarchique. Dans bon
nombre d’institutions, pourtant stratégiques, notre présence est réduite à zéro
ou à un rôle subalterne.
Il
faut relever un point important : en matière d’assistance au développement
des Pays les moins Avancés (PMA), les institutions spécialisées des Nations
Unies sollicitent de plus en plus l’expérience et l’expertise de "pays
intermédiaires", car les écarts sont réduits. Dans ce contexte, notre
pays devrait être parmi les mieux placés pour la conduite de projets régionaux
ou mondiaux des Nations Unies. Mais dans les faits, il n’en est rien.
Il y
a même une situation paradoxale : la documentation de ces institutions
recèle de nombreuses références à des problèmes déjà résolus au Maroc et auxquels
on cherche des solutions dans d’autres régions du monde. Seulement sur le
terrain, l’expertise marocaine est rare dans les projets de l’ONU.
Pourtant
nos cadres, pétris de qualités, sont unanimement appréciés au niveau
international, qu’ils soient à Ouagadougou, Kinshasa, New York, Genève, Jeddah,
Abidjan ou ailleurs.
Ici
ouvrons une parenthèse. Sur un autre registre mais dans le même ordre d’idée,
nous ne sommes pas très présents non plus, dans les hautes instances de
fédérations internationales de sport (mondiales, africaines ou arabes) et
pourtant nous avons des champions du monde ou olympiques et des recordmen du
monde. Si l’Afrique sera représentée par cinq pays à la prochaine Coupe du
monde, c’est aussi grâce aux exploits répétés des footballeurs marocains !
En
cas de recrutement ou de promotion interne au sein de ces institutions, nos
cadres internationaux se trouvent livrés à eux-mêmes. Ils se trouvent
confrontés, à compétences et expériences au moins égales, à des concurrents
vigoureusement tenus à bout de bras par leur pays. Notre administration, avec
ses ministres, ne répond pas, en général.
Sans
entrer dans le détail des chiffres, la Tunisie est deux fois plus présente.
Comme le Sénégal ou l’Égypte.
LA
BUREAUCRATIE MAROCAINE PORTE UNE GRANDE RESPONSABILITÉ DANS CE BILAN
Quand
cette bureaucratie ne diffuse même pas (pour quelles raisons ?) l’information
reçue des organisations internationales, auprès des cadres marocains intéressés
et relative au pourvoi de postes internationaux, que peut-on en attendre. Quant
à lui demander d’appuyer d’éventuels candidats nationaux, quand il y en a, dans
la rude compétition internationale, c’est comme demander la lune et rêver en
couleurs !
Le
résultat est consternant : notre pays se trouve marginalisé dans de nombreuses
instances à caractère technique, scientifique, économique, social etc. Et cette
situation a l’air de n’émouvoir personne…
Le
Maroc ne mérite absolument pas un tel traitement ! provoqué par le manque
d’intérêt de sa classe politique et de sa propre bureaucratie, de surcroît.
Cela peut paraître incroyable, mais c’est la triste réalité. Et c’est
totalement injuste pour toutes les compétences marocaines reconnues à
l’étranger et capables de porter haut notre pavillon. Malheureusement, ces
compétences se trouvent brimées, sacrifiées et usées sans être utilisées.
Naturellement,
si nous ne sommes pas présents, le travail se fera sans nous. Dans ces
instances, chaque année, chaque mois, chaque jour des mesures sont prises dans
des domaines technique, financier, économique, ou social, et si elles ne sont
pas obligatoirement contre nous, elles ne sont pas nécessairement dans notre
intérêt.
Il y
a donc des choses qui doivent être faites et, en termes peu diplomatiques, si
nous ne sommes pas là pour les faire, personne ne viendra pour les faire à
notre place.
Cette
situation est proprement indigne de notre vocation présente et passée. Elle est
inacceptable, d’autant plus que selon ma propre expérience et de celles de
beaucoup d’autres encore, elle est le fait de la méconnaissance de la question
par certains ministres, de l’indifférence d’autres et même de leur
réticence ! et enfin de l’inefficacité de la machinerie bureaucratique.
Voilà donc le lourd handicap que nous nous créons pendant que notre pays cherche à arrimer ses projets au train de la
mondialisation.
LES
ATOUTS DU MAROC
Le
Maroc est le seul pays africain qui peut se prévaloir dans son histoire d’un
épanouissement culturel et scientifique sans égal dont les empreintes se
rencontrent au Sud jusqu’au golfe de Guinée et au Nord, en Espagne, au Portugal
et au sud de la France. Pour notre pays, la coopération et l’assistance au
développement sous toutes leurs formes ont commencé, il y a des siècles.
Le
brassage des populations et des cultures, "melting pot", dont les
Américains sont si fiers, cela existe chez nous, avant même la naissance de
l’Amérique. Seulement, dans le monde moderne, ce sont des organisations
internationales qui deviennent les vecteurs de ces transferts des connaissances
et de ces échanges multilatéraux. Et malheureusement, nous n’y occupons pas une
place en rapport avec notre rôle présent et passé. Tout notre capital
rayonnement et prestige reste peu exploité dans ce domaine. Cette ressource,
car c’en est une, est simplement dilapidée ; un pur gâchis !
C’est
une très lourde responsabilité qui dépasse largement une bureaucratie stérile
et finalement sans apport positif à tout projet qui vise à rehausser l’image du
Maroc dans le monde. La léthargie ne saurait excuser l’indifférence et
l’irresponsabilité.
QUE
FAIRE ? QUELLE STRATÉGIE ?
Il
est tout à fait urgent et nécessaire de nous ressaisir pour remédier à cette
situation intolérable. Nous ne pouvons pas nous résigner, ce n’est pas de nos
habitudes.
Si
le Maroc veut se "connecter" au monde, il sera fatalement en
compétition avec d’autres pays ayant les mêmes objectifs pour attirer des
investissements, des industries et des touristes ; il est alors tout à
fait évident qu’il devra pour la défense de ses intérêts, occuper la place qui
lui revient dans les organisations internationales qui gèrent ces flux.
Il
faut prendre la mesure d’une situation passablement grave qui nous porte un
préjudice considérable ! Si le manque d’intérêt porté à ces questions
constitue pour nous un lourd handicap, les pays de même rang que nous ont, eux,
mis en place un système d’information et d’incitation pour être présents tout
le temps et partout dans les organisations internationales et en tirer le plus
grand profil. Forcément, nous n’aurons jamais les mêmes chances, si rien ne
doit changer.
Nous
devons, ensuite, nous convaincre de l’intérêt à prendre part aux activités
permanentes de ces organisations et à faire profiter de nos expériences. Ce
faisant, le Maroc bénéficiera à son tour de :
-L’énorme
prestige pour notre pays quand l’un de nos nationaux dirige une organisation
mondiale ou conduit un projet international.
-La
promotion des compétences marocaines dans les domaines les plus variés.
-La
promotion de notre savoir-faire et de la production marocaine, dans toutes ses
formes.
-La
participation active de nos nationaux dans la recherche des solutions aux
problèmes de notre temps.
Dans
l’intérêt supérieur de notre pays, il nous appartient, riches de ces
convictions, d’adopter une politique cohérente dans ce domaine (parmi d’autres)
et de mettre en place une stratégie adéquate. Bien avant les gestionnaires,
nous aurons besoin de créateurs, de pourvoyeurs en idées et de stratégistes. Et
le Maroc en regorge !
Cette
stratégie visera des objectifs précis. Elle pourra être conduite par un
Organe/Centre de coordination, rattaché à un niveau gouvernemental suffisamment
élevé pour avoir le pouvoir de planifier, encourager, coordonner, conduire et
gérer efficacement la présence marocaine au sein des organisations internationales.
Pour
les activités de cet organe, dont il ne s’agit pas de délimiter le contour ici,
il faudra explorer les domaines de réflexion suivants :
. Coordination des services concernés par ces
questions dans chaque ministère.
. Supervision
et suivi des quotas de présence marocaine dans chaque organisation
internationale.
. Recueil
et large diffusion des documents émanant des institutions internationales.
. Conception
et diffusion de bulletins périodiques donnant des informations utiles :
postes à pourvoir, postes pourvus, projets conduits par nos nationaux etc.
. Préparation
de structures d’accueil pour nos cadres internationaux, au terme de leur
mission, afin de faire bénéficier notre pays de leurs expériences acquises sous
d’autres cieux.
Dans
le contexte de la "mondialisation des économies", de la " globalisation des marchés", et de la "régionalisation des
espaces", le Maroc ne sera pas en concurrence avec le Japon, la Finlande
ou la Mongolie-Extérieure, mais avec des pays de même rang, à la recherche des
mêmes créneaux. Dans celui, prioritaire de la présence au sein des organisations internationales, ces pays ont pris de l’avance et
assis des positions solides. Simplement parce que notre classe politique
n’attache aucun intérêt à ces questions ou ne les comprend pas.
Pour
rattraper ce retard, le Maroc dispose de nombreux atouts majeurs. Seulement
pour les transformer en réelles
potentialités, il faut trouver des solutions à des carences tout à fait
préjudiciables à ses desseins. Ces solutions existent et nécessitent peu de
moyens, mais une prise de conscience et une volonté affirmée. C’est le modique
prix à payer pour permettre à notre pays d’accéder à un rang plus conforme à
son histoire et à sa vocation dans le concert des nations.
En
mettant un terme à ces carences, dans ce domaine comme dans d’autres, en
ajoutant nos talents à nos compétences, nous nous donnerons de grandes chances
de réussite pour ne pas décevoir le Maroc qui attend, le Maroc qui espère…
Abdelmalek Terkemani
Expert et chercheur